Amphore du jugement de Pâris
I/ Présentation de l'amphore
a) L’amphore
Titre : Amphore du Peintre de Londres B 76 couramment appelée
« amphore du Jugement de Pâris »
Nature : Amphore à figures noires
Dimensions : 36
(diamètre) × 23,4 cm
Auteur : peintre de Londres
B 76
Date : 575-550 avant
Jésus-Christ
Lieu de conservation : Don de l’industriel
français Joseph Gillet au Musée des beaux-arts de Lyon depuis 1923.
L’œuvre est répertoriée sous le numéro d’inventaire E 581-c et est
classée au département des Antiquités.
b) L’artiste
L’artiste qui a réalisé la peinture de
l’amphore est anonyme. Le nom de Peintre de Londres B 76 lui a été attribué. Il
a vécu durant la période archaïque pendant laquelle a été réalisée cette
amphore, qui provient de la région de l’Attique qui se situe en Grèce
continentale, au sud de la Béotie, dont Athènes est la capitale.
c) Thème de l’œuvre
Le thème de l’œuvre est l’origine
mythologique de la guerre de Troie.
Combat d'Achille et de Penthésilée |
d) Contexte historique
La guerre de Troie a probablement eu lieu
entre 1190 et 1180 avant J.-C (l’époque à laquelle elle s’est déroulée demeure
incertaine). Elle opposa les anciennes tribus grecques (les Achéens), apparues
en Grèce au deuxième millénaire avant J.-C, et les Troyens. Ces tribus
guerrières pratiquaient sur la mer et le long des côtes la piraterie ; la
dernière de leurs expéditions fut l’attaque de la puissante ville de Troie, en
Asie Mineure. Celle-ci, placée non loin du détroit des Dardanelles, s’était
enrichie en faisant payer un droit de passage aux marchands qui gagnaient la
Mer Noire par voie de terre. Ce conflit dura dix ans et se termina par la chute
de Troie suite à l’épisode du cheval de Troie.
Le cheval entre dans la ville de Troie |
La guerre de Troie représente une pierre fondatrice de la culture grecque puis romaine et constitue une
source d'inspiration pour les artistes et écrivains. Les raisons de la guerre
ont, en fait, été économiques, mais les poètes (ex : Homère) ont imaginé
des raisons héroïques.
A l’époque où l’amphore a été peinte, les
Athéniens ont abandonné le style corinthien reconnaissable à l’utilisation des
frises végétales et animales pour se concentrer sur la représentation des
mythes grecs. Le jugement de Pâris est connu par l’épopée des Chants Cypriens
qui retracent les débuts de la guerre de Troie.
II/ description de l’amphore
a)
La représentation
L’amphore
se compose de deux tableaux, un sur chaque face. Ils sont surplombés par des
motifs floraux, identiques de chaque côté, que l'on retrouve autour de la lèvre
et dans leur partie supérieure.Les
scènes sont encadrées comme dans une toile. Le cadre s'épaissit pour suivre la
forme bombée de l'amphore.
Face A de l'amphore |
Sur
la face A, apparaissent trois femmes vêtues de l’himation
(traditionnel manteau sans manches dans la Grèce antique). Elles sont
représentées de profil, en file indienne et de manière indifférenciée. Elles
tiennent chacune un objet de forme circulaire à la main et suivent un homme
barbu. Ce dernier porte un chapeau, une tunique, des sandales à larges rebords et tient un
caducée (baguette d’olivier ou de laurier surmontée de deux ailes et entourée
de deux serpents entrelacés). Il s’adresse à un jeune homme vêtu d’une toge
serrant un sceptre dans la main gauche. Les deux hommes sont dessinés également
de profil.
Face B de l'amphore |
Sur
la face B, deux fantassins grecs cuirassés, lourdement armés se livrent un
combat, les jambes protégées par des jambières, portant un casque corinthien,
une lance ainsi qu’un bouclier rond.
L'amphore
présente donc deux faits en corrélation, la face A annonçant la face B.
b) Les matériaux et les techniques au
service de cette représentation
Une amphore est, dans l’Antiquité, un vase
en terre cuite de taille variable, à deux anses verticales. Il est destiné à
transporter, mélanger et conserver des denrées comme l’eau, le vin, l’huile.
L’amphore du Jugement de Pâris est une
céramique à figures noires. Caractérisée par sa couleur orangée, l’argile
utilisée pour sa fabrication est
typiquement athénienne.
La technique des figures noires consiste à
recouvrir les motifs ou les figures préalablement dessinés d’une couche de
vernis sombre puis de cuire le vase en trois étapes. D’abord, on cuit à four
ouvert pour faire ressortir la couleur claire de l’argile. Ensuite, le carbone
noircit le vase car sa cuisson est effectuée à four fermé. Enfin, pour la
dernière étape, l’amphore redevient claire après une cuisson à four ouvert.
III/
Interprétation de l’œuvre
a) Comment définir ce type d’amphore ?
Réaliste :
les détails incisés ou rehaussés de couleurs, notamment dans le traitement des
vêtements, renforcent le réalisme.
Organisée :
chaque élément a sa place.
Face
A statique : pas de mouvement
Face
B dynamique : mouvement des guerriers
b) Quels sont
les moyens mis au service de ce message ?
Pour comprendre le message que souhaite
faire passer l’auteur, il est essentiel de connaître le mythe du jugement de
Pâris.
Aux noces du roi Pélée et de la nymphe
Thétis (futurs parents d’Achille) sur l'Olympe, tous
les dieux sont invités sauf Eris, déesse de la Discorde. Furieuse, elle se rend
tout de même au banquet et dépose sur la table une pomme d’or sur laquelle est
inscrit : « A la plus belle ».
Eris, coupe à lèvre attique à figures noires |
Trois déesses se disputent alors le
fruit : Héra, Athéna et Aphrodite. Zeus refuse d’être juge de ce débat de
crainte d’offenser sa femme Héra si son choix se porte sur une autre déesse. Afin
de mettre un terme à la dispute, Zeus ordonne à Hermès
de les conduire sur le mont Ida, auprès de Pâris, fils de Priam, roi
de Troie pour que ce dernier les départage.
Chaque déesse promet alors à Pâris un
présent : Héra, le pouvoir absolu sur l’Asie ; Athéna, la victoire à
la guerre ; Aphrodite lui offre l’amour d’Hélène de Sparte, la plus belle
femme de Grèce.
Pâris porte son choix sur Aphrodite, et,
avec son aide, enlève Hélène, mais cette dernière est mariée au roi Ménélas.
Cet enlèvement est insupportable pour ce dernier. Soutenu par les autres rois
grecs, il ne tarde pas à se venger de cet affront. C’est ainsi que débute la
guerre de Troie.
Buste de Ménélas |
c) Quel est le message du peintre, que veut-il montrer ?
Le peintre a souhaité représenter une autre
version de la guerre de Troie en lui donnant un aspect mythique. Les trois
femmes de la face A représentent les trois déesses, l’homme barbu au caducée
est Hermès et le personnage se tenant devant lui est Pâris. Les soldats de la
face B font donc référence aux guerriers de la Guerre de Troie.
Ce mythe est utilisé non seulement pour
célébrer le don de la parole (la rhétorique) mais également une autre qualité
chère aux Grecs : la mesure.
Aphrodite n’est pas seulement la déesse de
l’amour, elle a également un don pour l’éloquence puisqu’elle parvient à
convaincre Pâris et gagner le fruit. Elle est également la seule à lui proposer
une récompense raisonnable : l’amour d’une mortelle. La culture grecque
refuse les offres d’Héra et d’Athéna car elles hisseraient les hommes au rang
des dieux, ce qui est arrogant.
Aphrodite sur son cygne |
Conclusion
L’Amphore
du Peintre de Londres B 76,
couramment appelée « Amphore du Jugement de Pâris »,
est une amphore à figures noires représentant le mythe du Jugement de Pâris. Ce
mythe relate l’origine héroïque de la guerre de Troie et célèbre le don de la
rhétorique et la vertu de la mesure.
quel est son courant artistique ?
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