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vendredi 11 décembre 2015

Histoire des Arts - Amphore du jugement de Pâris



Amphore du jugement de Pâris

 



I/ Présentation de l'amphore



     a) L’amphore

Titre : Amphore du Peintre de Londres B 76 couramment appelée « amphore du Jugement de Pâris »

Nature : Amphore à figures noires

Dimensions : 36  (diamètre) × 23,4 cm

Auteur : peintre de Londres B 76

Date : 575-550 avant Jésus-Christ

Lieu de conservation : Don de l’industriel français Joseph Gillet au Musée des beaux-arts de Lyon depuis 1923. L’œuvre est répertoriée sous le numéro d’inventaire  E 581-c et est classée au département des Antiquités.


     b) L’artiste 

L’artiste qui a réalisé la peinture de l’amphore est anonyme. Le nom de Peintre de Londres B 76 lui a été attribué. Il a vécu durant la période archaïque pendant laquelle a été réalisée cette amphore, qui provient de la région de l’Attique qui se situe en Grèce continentale, au sud de la Béotie, dont Athènes est la capitale.

     c) Thème de l’œuvre 

Le thème de l’œuvre est l’origine mythologique de la guerre de Troie.

Combat d'Achille et de Penthésilée

     d) Contexte historique 
La guerre de Troie a probablement eu lieu entre 1190 et 1180 avant J.-C (l’époque à laquelle elle s’est déroulée demeure incertaine). Elle opposa les anciennes tribus grecques (les Achéens), apparues en Grèce au deuxième millénaire avant J.-C, et les Troyens. Ces tribus guerrières pratiquaient sur la mer et le long des côtes la piraterie ; la dernière de leurs expéditions fut l’attaque de la puissante ville de Troie, en Asie Mineure. Celle-ci, placée non loin du détroit des Dardanelles, s’était enrichie en faisant payer un droit de passage aux marchands qui gagnaient la Mer Noire par voie de terre. Ce conflit dura dix ans et se termina par la chute de Troie suite à l’épisode du cheval de Troie.

Le cheval entre dans la ville de Troie

La guerre de Troie  représente une pierre fondatrice de la culture grecque puis romaine et constitue une source d'inspiration pour les artistes et écrivains. Les raisons de la guerre ont, en fait, été économiques, mais les poètes (ex : Homère) ont imaginé des raisons héroïques.

A l’époque où l’amphore a été peinte, les Athéniens ont abandonné le style corinthien reconnaissable à l’utilisation des frises végétales et animales pour se concentrer sur la représentation des mythes grecs. Le jugement de Pâris est connu par l’épopée des Chants Cypriens qui retracent les débuts de la guerre de Troie.


II/ description de l’amphore
     a) La représentation

L’amphore se compose de deux tableaux, un sur chaque face. Ils sont surplombés par des motifs floraux, identiques de chaque côté, que l'on retrouve autour de la lèvre et dans leur partie supérieure.Les scènes sont encadrées comme dans une toile. Le cadre s'épaissit pour suivre la forme bombée de l'amphore.

Face A de l'amphore

Sur la face A, apparaissent trois femmes vêtues de l’himation (traditionnel manteau sans manches dans la Grèce antique). Elles sont représentées de profil, en file indienne et de manière indifférenciée. Elles tiennent chacune un objet de forme circulaire à la main et suivent un homme barbu. Ce dernier porte un chapeau, une tunique,  des sandales à larges rebords et tient un caducée (baguette d’olivier ou de laurier surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés). Il s’adresse à un jeune homme vêtu d’une toge serrant un sceptre dans la main gauche. Les deux hommes sont dessinés également de profil.

Face B de l'amphore

Sur la face B, deux fantassins grecs cuirassés, lourdement armés se livrent un combat, les jambes protégées par des jambières, portant un casque corinthien, une lance ainsi qu’un bouclier rond.

L'amphore présente donc deux faits en corrélation, la face A annonçant la face B.

     b) Les matériaux et les techniques au service de cette représentation

Une amphore est, dans l’Antiquité, un vase en terre cuite de taille variable, à deux anses verticales. Il est destiné à transporter, mélanger et conserver des denrées comme l’eau, le vin, l’huile.


L’amphore du Jugement de Pâris est une céramique à figures noires. Caractérisée par sa couleur orangée, l’argile utilisée pour sa fabrication est  typiquement athénienne.
La technique des figures noires consiste à recouvrir les motifs ou les figures préalablement dessinés d’une couche de vernis sombre puis de cuire le vase en trois étapes. D’abord, on cuit à four ouvert pour faire ressortir la couleur claire de l’argile. Ensuite, le carbone noircit le vase car sa cuisson est effectuée à four fermé. Enfin, pour la dernière étape, l’amphore redevient claire après une cuisson à four ouvert.


III/ Interprétation de l’œuvre
     a) Comment définir ce type d’amphore ?

Réaliste : les détails incisés ou rehaussés de couleurs, notamment dans le traitement des vêtements, renforcent le réalisme.
Organisée : chaque élément a sa place.

Face A statique : pas de mouvement
Face B dynamique : mouvement des guerriers

b) Quels sont les moyens mis au service de ce message ?

Pour comprendre le message que souhaite faire passer l’auteur, il est essentiel de connaître le mythe du jugement de Pâris.
Aux noces du roi Pélée et de la nymphe Thétis (futurs parents d’Achille) sur l'Olympe, tous les dieux sont invités sauf Eris, déesse de la Discorde. Furieuse, elle se rend tout de même au banquet et dépose sur la table une pomme d’or sur laquelle est inscrit : « A la plus belle ».


Eris, coupe à lèvre attique à figures noires

Trois déesses se disputent alors le fruit : Héra, Athéna et Aphrodite. Zeus refuse d’être juge de ce débat de crainte d’offenser sa femme Héra si son choix se porte sur une autre déesse. Afin de mettre un terme à la dispute, Zeus ordonne à Hermès de les conduire sur le mont Ida, auprès de Pâris, fils de Priam, roi de Troie pour que ce dernier les départage.

Chaque déesse promet alors à Pâris un présent : Héra, le pouvoir absolu sur l’Asie ; Athéna, la victoire à la guerre ; Aphrodite lui offre l’amour d’Hélène de Sparte, la plus belle femme de Grèce.
  
Pâris porte son choix sur Aphrodite, et, avec son aide, enlève Hélène, mais cette dernière est mariée au roi Ménélas. Cet enlèvement est insupportable pour ce dernier. Soutenu par les autres rois grecs, il ne tarde pas à se venger de cet affront. C’est ainsi que débute la guerre de Troie.

Buste de Ménélas

     c) Quel est le message du peintre, que veut-il  montrer ?
Le peintre a souhaité représenter une autre version de la guerre de Troie en lui donnant un aspect mythique. Les trois femmes de la face A représentent les trois déesses, l’homme barbu au caducée est Hermès et le personnage se tenant devant lui est Pâris. Les soldats de la face B font donc référence aux guerriers de la Guerre de Troie.

Ce mythe est utilisé non seulement pour célébrer le don de la parole (la rhétorique) mais également une autre qualité chère aux Grecs : la mesure.
Aphrodite sur son cygne
Aphrodite n’est pas seulement la déesse de l’amour, elle a également un don pour l’éloquence puisqu’elle parvient à convaincre Pâris et gagner le fruit. Elle est également la seule à lui proposer une récompense raisonnable : l’amour d’une mortelle. La culture grecque refuse les offres d’Héra et d’Athéna car elles hisseraient les hommes au rang des dieux, ce qui est arrogant.




Conclusion
L’Amphore du Peintre de Londres B 76, couramment appelée « Amphore du Jugement de Pâris », est une amphore à figures noires représentant le mythe du Jugement de Pâris. Ce mythe relate l’origine héroïque de la guerre de Troie et célèbre le don de la rhétorique et la vertu de la mesure.

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