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mercredi 2 septembre 2015

Les esclaves dans le monde romain

Les esclaves dans le monde romain


Introduction

La société romaine était une société esclavagiste. Les esclaves étaient omniprésents : ils représentaient un tiers ou deux de la population, selon les périodes.

Qu’ils soient grands, petits, hommes, femmes ou enfants, les esclaves travaillaient dur au sein de la communauté romaine. Leurs conditions de vie variaient en fonction de leur maître et de leur travail.

Mais qui étaient ces êtres résignés au travail ? Comment étaient-ils réduits à cette servitude ?


I/ Les règles de l'esclavage : devenir esclave : être affranchi

     A) Définition d'un esclave

Du latin « servus, i, m », un esclave était une personne qui devait travailler constamment sous l’autorité et le commandement de son maître, à qui il devait respect et obéissance. Le maître détenait tous les droits le concernant, même le droit de vie et de mort dans le cadre des lois de l’époque.

L’esclave était considéré comme un simple « outil animé » auquel on accordait cependant un enterrement religieux.

     B) Qui qualifiait-on d'esclave ?

Les origines des esclaves étaient diverses :

          1) Les prisonniers de guerre


La principale source de l’esclavage était la guerre. Les survivants des populations vaincues par Rome devenaient leurs prisonniers puis esclaves. Ils appartenaient à l’Etat et travaillait pour lui ou étaient vendus aux enchères à la population (aux particuliers) par le ministère des questeurs (magistrat surtout chargé de fonctions financières). 

          2) Les victimes de piraterie et de brigandage 

Les pirates et les brigands enlevaient des gens libres des côtes de la Méditerranée et les revendaient comme esclaves sur les marchés organisés, tel que celui de Délos, dans la mer Egée.

Comment se passe une vente d’esclaves au marché ?


Les esclaves étaient enchaînés les uns aux autres. Ils étaient presque nus pour que les acheteurs puissent voir qu’ils étaient forts et en bonne santé.  Un écriteau indiquait leur âge, leur nationalité, leurs aptitudes particulières, leurs problèmes de santé et leurs mauvaises habitudes (fuyard par exemple). Les acheteurs les examinaient avec soin, éprouvaient leurs muscles et regardaient leurs dents, comme un cheval. Une fois vendus, les esclaves pouvaient être marqués au fer rouge ou leur maître leur donnait un collier d’identification à porter où le nom et l’adresse du propriétaire de l’esclave y étaient inscrits.

Collier d'identification d'un esclave

          3) Les hommes libres ou les citoyens réduits en esclavage

Un homme libre voire un citoyen romain pouvait devenir esclave, il subissait ce qu’on appelait le « capitis deminutio maxima ». Il perdait ses droits politiques (ne peut plus voter ou se présenter aux élections), familiaux et sa qualité d’homme libre.

Cette peine était infligée pour plusieurs raisons : incapacité à payer ses dettes (on parle alors de « nexum ») (état temporaire ou perpétuel), soustraction au recensement, refus du service militaire, condamnation à la peine capitale (on leur laissait la vie sauve sous condition que les condamnés effectuaient des travaux publics dans les mines ou les carrières) …


           4) Esclave par la naissance : le « verna »

Lorsqu’une esclave mettait au monde un enfant, il devenait automatiquement esclave, même si son père était libre (« verna, ae, f » : esclave né dans la maison du maître, esclave de naissance).

          5) Les enfants abandonnés ou de criminels

Les enfants de criminels, qualifiés alors d’orphelins, et les enfants abandonnés très jeunes n’étant pas encore autonomes devenaient esclaves.
 

     C) L'affranchissement

La plupart des esclaves ne connaissaient jamais la liberté. Cependant, certains maîtres pouvaient décider de la leur accorder : c’est l’affranchissement. En latin, l’affranchissement se dit « manumissio, onis, f » et l’affranchi, « libertus ». Voici les différents modes d’affranchissement :

          1) Par testament

L’esclave pouvait être affranchi par testament : le maître manifestait par écrit sa volonté de libérer un ou plusieurs esclaves. Ce mode d’affranchissement était le plus fréquent. S’il voulait léguer un bien ou une somme d’argent à un esclave, ce dernier devait être affranchi pour pouvoir hériter.

Sous l’Empire, les esclaves affranchis par ce procédé étaient tellement nombreux que l’empereur Auguste a dû établir une loi limitant à 100 le nombre d’affranchis par testament afin d’éviter une arrivée trop importante d’étrangers parmi les citoyens. 

          2) Par achat

Un esclave pouvait obtenir la liberté en l'achetant. Cela impliquait que le maître lui accorde l’autorisation de faire des économies et lui donne de temps en temps une somme d’argent, ce qui était très rare. La somme d’argent réunie pour acheter sa liberté, le « peculium », était relativement importante.



          3) Par le retour à la terre natale (fuite)

Lorsqu’un prisonnier de guerre parvenait à regagner sa terre natale, il devenait libre.

          4) Par décision judiciaire
  
Les esclaves appartenant à l’Etat pouvaient être affranchis par un magistrat sur ordre du Sénat. 


          5) Lors d’une opération de cens

Lors des opérations de cens (recensement), l’esclave pouvait être inscrit à la demande de son maître comme « sui juris », c’est-à-dire comme une personne autonome.


          6) Par la « vindicta »

La « vindicta » était une sorte de procès fictif devant le prêteur au cours duquel l’esclave revendiquait sa liberté.

Le maître frappait symboliquement l’esclave avec une baguette, signe de son autorité, avant de lui serrer la main droite, en reconnaissance d’égalité, et de le laisser partir libre.

La « vindicta »

      D) Les droits et les devoirs des affranchis

Les affranchis portaient un chapeau conique en feutre, le « pileus », pour afficher leur nouvelle liberté.


L’affranchissement ne transformait pas un esclave en un citoyen romain. Bien qu’il soit libre, l’affranchi devait toujours respect à son ancien maître. Si l’affranchi décidait de travailler pour son ancien maître, ils entretiendraient une relation patron-salarié. En revanche, si ce n’était pas le cas, il devait lui verser une partie de son salaire. Ils exerçaient des métiers comme comédien, banquier, usurier… L’affranchi devait aussi rester disponible pour son ancien maître en cas de nécessité.


Les affranchis n’avaient pas les mêmes droits que les citoyens romains. On ne leur accordait que le droit de vote et ils étaient privés de toute entrée dans l’armée romaine ou tout droit d’être élu.

Les enfants d’affranchis étaient citoyens romains. Certains descendants d’affranchis ont pu ainsi exercer de hautes fonctions.

Pour plus d'informations sur le statut des affranchis, cliquer ici.


II/ Les différents types d'esclaves et leur vie quotidienne

Il existait plusieurs catégories d'esclaves :

     A) Les esclaves particuliers

 
Les esclaves particuliers étaient au service d’un maître et de sa famille. Le nombre d’esclaves reflétait la richesse de son propriétaire. L’ensemble des esclaves que possédait un maître était appelée la « familia ». Il en existait deux sortes :




           1) En ville : « la familia urbana »

La « familia urbana » demeurait en ville. Les esclaves travaillaient péniblement mais leurs tâches étaient moins difficiles que celles des campagnes. On en dénombrait plusieurs catégories : la nourrice (« nutrix ») élevait les enfants, la servante (« ancilla ») et le valet (« ministrus ») assuraient le service de proximité et aidaient leur maître ou leur maîtresse à revêtir la toge ou faire leur toilette, les domestiques, comme les cuisiniers (« coqui »), les jardiniers et les concierges travaillaient dans la maison…



Certains esclaves ayant des compétences ou une éducation poussée pouvaient exercer des fonctions intellectuelles comme précepteur (« paedagogus, praeceptor, litteratus »), secrétaire particulier (« scriba, amanuensis ») ou encore médecin particulier (« medicus »).



Aucun esclave n’échappait au pouvoir du maître mais ceux qui lui rendaient le plus de services étaient généralement les moins exposés. Des liens d’affections pouvaient toutefois se tisser entre les esclaves et leurs maîtres.

Sous la Royauté puis la République, les esclaves pouvaient parfois manger à la table des maîtres, procédé qui disparut sous l’Empire. Toutefois, lors de certaines fêtes religieuses, les esclaves étaient autorisés à partager la table du maître.

          2) Dans les campagnes : la « familia rustica »


L’agriculture nécessitait une main d’œuvre importante. Cependant, il existait de petits propriétaires possédant peu d’esclaves mais suffisamment pour cultiver leurs terres.


L’esclave et son maître travaillaient côte à côte. Le travail variait selon les saisons : ramassage des olives, mise en culture des champs, surveillance des troupeaux… Les esclaves vivaient dans des conditions médiocres : ils travaillaient très dur en échange d’une nourriture pauvre, d’un vêtement réduit au minimum indispensable et d’un logement comparable à une cellule où on les enchaînait parfois avec leurs compagnons pour y passer la nuit.

 

Petit à petit, les petites propriétés disparaissaient face aux grandes exploitations. La vie y était encore plus difficile : les esclaves avaient à peine de quoi se nourrir et se vêtir. Cette misère va devenir l’une des causes des révoltes d’esclaves.

     B) Les esclaves publics (« servi publici »)

Les esclaves publics travaillaient pour l’Etat et assuraient des tâches d’intérêt général. La plupart avait un poste modeste.  Ce sont des ouvriers qui assuraient les travaux des voiries (entretien, réfection, nettoyage), surveillaient les égouts, entretenaient les bâtiments publics,  ou encore intervenaient pour éteindre les incendies (« vigiles urbani » : pompiers romains). Ils travaillaient également dans l’administration en tant que secrétaires ou comptables. L’Etat les entretenait, les nourrissait et les habillait.

D’autres, plus instruits, occupaient des postes à responsabilité dans l’administration et ainsi accédaient à de hautes fonctions. Ils pouvaient travailler pour le clergé (« servi deorum ») ou conseiller des magistrats.


     C) Les esclaves impériaux

Les esclaves impériaux étaient la propriété privée de l’empereur. Il les utilisait pour sa maison, sa trésorerie, son secrétariat mais il les introduisait également dans l’administration. Certains affranchis étaient placés par l’empereur à des postes importants (les archives et les comptes, contrôlaient en partie des impôts, veillaient sur les biens impériaux). L’empereur était le plus grand propriétaire d’esclaves.

     D) Les esclaves dans les mines

 
Ces esclaves étaient les plus maltraités. Au bas de l'échelle sociale, les esclaves affectés aux mines était de véritables forçats. Ce travail était en général prévu pour des esclaves récalcitrants, récidivistes ou inadaptables, qui pouvaient être aussi loués par leur maître en punition.


     E) Les gladiateurs (« gladiatores »)

Dans la Rome antique, le gladiateur était un homme qui, dans les jeux du cirque, combattait contre un autre homme ou une bête féroce.


Certains esclaves étaient enrôlés de force dans les troupes de gladiateurs. Ils étaient achetés par des « lanistae », c’est-à-dire des formateurs et entraîneurs de gladiateurs, auxquels ils devaient respect et obéissance comme un maître. Ils étaient soit les victimes désignées d’un combat car ils ne savaient pas se battre ; soit, au contraire, ils étaient choisis à cause de leur passé militaire, ce qui signifiait qu’ils savaient se battre. Dans tous les cas, le métier était difficile et laissait une espérance de vie assez faible.

Les plus forts pouvaient gagner leur liberté après trois à cinq ans.

Pour plus d'informations sur les gladiateurs, cliquer ici.





     F) Les sanctions

Tous les esclaves travaillaient très dur, et à la moindre erreur, de terribles punitions les guettaient.

          1) La violence physique

Pour se faire respecter, les maîtres romains se montraient très violents envers leurs esclaves. Si ces derniers travaillaient trop lentement au goût de leur maître, par exemple, il pouvait les punir sévèrement en les frappant comme des animaux.
Si un esclave avait le malheur de chercher à s’enfuir, la punition était tout aussi violente. Cependant, leur condamnation à mort était rare car le maître perdrait alors un esclave.


          2) Le travail dans les mines ou la « familia rustica »

Le maître d’une « familia urbana » pouvait également menacer les esclaves avant de les envoyer travailler dans sa « familia rustica » s’il en possédait une, ou dans les mines, afin de leur mener la vie plus dure.

          3) Le marquage au fer rouge

Lorsqu’un esclave dérobait quelque chose, on le marquait d’un « F » au fer rouge signifiant « furs », c’est-à-dire « voleur » en latin, pour montrer à tous qu’il était un voleur.

          4) Le châtiment et la condamnation à mort

Lorsqu’un esclave commettait un délit, les tribunaux pouvaient intervenir pour le punir. Ils pouvaient alors le châtier, le faire fouetter, ou même le condamner à mort en l’enflammant sur une croix, selon la gravité de l’acte.

 
Lorsqu’un esclave tuait son maître, la punition était générale : toute la « familia », c’est-à-dire tous les esclaves de la maison, était condamnée à mort.
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III/ Présentation de quelques esclaves célèbres
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Certains esclaves, affranchis ou leurs descendants, sont demeurés célèbres dans l’histoire de l’Antiquité.

     A) Spartacus

Né en Thrace, une ancienne région de la péninsule des Balkans, Spartacus, était d’abord un  berger avant de devenir par la suite un chef dirigeant la dernière grande révolte d’esclaves de 73 à 71 av. J.-C. Après la conquête de son pays par les romains, il doit s’enrôler dans l’armée romaine parmi les troupes thraces. Avide de liberté, il ne supportait pas de servir les conquérants, quitta l’armée sans autorisation et s’enfuit dans les montagnes. Rapidement repris, il fut vendu comme esclave à un propriétaire d’une école de gladiateurs à Capoue, dans le sud de l’Italie. Dans cet établissement, les « lanistae » le formèrent au combat dans les arènes. Spartacus se distingua nettement de ses compagnons par son courage et son intelligence. Un jour,  profitant de la distraction des gardes, il s’échappa de la caserne des gladiateurs avec ses compagnons et créa une armée. Des esclaves et de nombreux pauvres s’étaient vite joints à lui. C’est alors que débuta la révolte. Spartacus et ses hommes parcoururent l’Italie pendant trois ans au cours desquels ils éliminèrent plusieurs armées romaines. Mais, tombé dans une embuscade, Spartacus fut vaincu et tué par Crassus et près de 6 000 de ses hommes furent crucifiés.

Pour plus d'informations sur Spartacus, cliquer ici.


 
Film « Spartacus » de Stanley Kubrick, 1960

     B) Pertinax

Les affranchis ne pouvaient pas devenir magistrats, mais leurs enfants pouvaient parvenir aux positions les plus élevées. Ainsi Pertinax, fils d’un affranchi, avait grimpé les échelons de l’armée romaine et est finalement devenu consul, puis empereur en 193.

Pour plus d'informations sur Pertinax, cliquer ici.



     C) Eunus

Au IIe siècle av. J.-C., après la conquête de l’Orient par Rome, on rencontrait un grand nombre d’esclaves grecs en Sicile. Vers 135 avant J.-C., ces captifs maltraités se révoltèrent sous la direction d’un esclave syrien nommé Eunus qu’ils proclamèrent roi. Il prit le nom d’Antiochos et créa une version miniature du royaume séleucide (qui englobait sa Syrie natale), qu’il dirigea à partir de la forteresse d’Enna, dans les montagnes du centre de la Sicile. Cependant, la révolte fut écrasée en 132 av. J.-C. et Eunus mourut en prison.

Pour plus d'informations sur Eunus, cliquer ici.


 
Vue sur Enna aujourd'hui
Conclusion
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Dans la Rome antique, il comptait un nombre très important d’esclaves. Ces derniers provenaient de diverses origines et se retrouvaient à tous les niveaux de la société. Considéré comme des outils animés, la plupart d’entre eux travaillaient dur mais ne possédaient rien. Leurs fonctions premières étaient de respecter et servir leur maître. Des châtiments corporels leur étaient infligés par leur maître à la moindre faute ou tout simplement selon l’humeur de ce dernier. Même une fois affranchi, l’esclave  n’aura jamais les mêmes droits qu’un citoyen romain ordinaire. Il sera libre certes mais sera toujours étroitement lié à son maître jusqu’à la fin de sa vie. Seuls ses descendants connaîtront une liberté totale et échapperont ainsi entièrement à leur condition. Mais cette servitude n’est que le début de la longue histoire de l’esclavage…

Pour plus d'informations sur les esclaves dans le monde romain, cliquer ici.


 






5 commentaires:

  1. Merci j'ai pu faire du copié coller pour mon exposé de latin

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  2. Merci beaucoup
    Ca m'a beaucoup aidé !

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  3. Attention à la publication en ligne ou autre d'images dont vous n'avez pas les droits ni même indiqué de copyright, c'est illégal !

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  4. Bonjour ! je cherche la source de l'image que vous avez utilisé en I)B)1) est-ce que vous l'auriez svp ?

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