Les esclaves dans le monde romain
Introduction
La
société romaine était une société esclavagiste. Les esclaves étaient
omniprésents : ils représentaient un tiers ou deux de la population, selon
les périodes.
Qu’ils
soient grands, petits, hommes, femmes ou enfants, les esclaves travaillaient
dur au sein de la communauté romaine. Leurs conditions de vie variaient en
fonction de leur maître et de leur travail.
Mais
qui étaient ces êtres résignés au travail ? Comment étaient-ils réduits à
cette servitude ?
I/ Les règles de l'esclavage : devenir esclave : être affranchi
A) Définition d'un esclave
Du
latin « servus, i, m », un esclave était
une personne qui devait travailler constamment sous l’autorité et le
commandement de son maître, à qui il devait respect et obéissance. Le maître
détenait tous les droits le concernant, même le droit de vie et de mort dans
le cadre des lois de l’époque.
L’esclave
était considéré comme un simple « outil animé » auquel on accordait
cependant un enterrement religieux.
B) Qui qualifiait-on d'esclave ?
Les origines
des esclaves étaient diverses :
1) Les prisonniers de guerre
La
principale source de l’esclavage était la guerre. Les survivants des
populations vaincues par Rome devenaient leurs prisonniers puis esclaves. Ils
appartenaient à l’Etat et travaillait pour lui ou étaient vendus aux enchères à
la population (aux particuliers) par le ministère des questeurs (magistrat surtout chargé de fonctions financières).
2) Les victimes de piraterie et de brigandage
Les
pirates et les brigands enlevaient des gens libres des côtes de la Méditerranée
et les revendaient comme esclaves sur les marchés organisés, tel que celui de
Délos, dans la mer Egée.
Comment se passe une vente
d’esclaves au marché ?
Les esclaves étaient enchaînés les uns aux autres. Ils étaient presque
nus pour que les acheteurs puissent voir qu’ils étaient forts et en bonne
santé. Un écriteau indiquait leur âge, leur
nationalité, leurs aptitudes particulières, leurs problèmes de santé et leurs
mauvaises habitudes (fuyard par exemple). Les acheteurs les examinaient avec
soin, éprouvaient leurs muscles et regardaient leurs dents, comme un cheval.
Une fois vendus, les esclaves pouvaient être marqués au fer rouge ou leur
maître leur donnait un collier d’identification à porter où le nom et l’adresse
du propriétaire de l’esclave y étaient inscrits.
Collier d'identification d'un esclave |
3) Les hommes libres ou les citoyens réduits en esclavage
Un homme
libre voire un citoyen romain pouvait devenir esclave, il subissait ce qu’on
appelait le « capitis deminutio maxima ».
Il perdait ses droits politiques (ne peut plus voter ou se présenter aux
élections), familiaux et sa qualité d’homme libre.
4) Esclave par la naissance : le « verna »
Lorsqu’une
esclave mettait au monde un enfant, il devenait automatiquement esclave, même
si son père était libre (« verna, ae, f » :
esclave né dans la maison du maître, esclave de naissance).
5) Les enfants abandonnés ou de criminels
Les
enfants de criminels, qualifiés alors d’orphelins, et les enfants abandonnés
très jeunes n’étant pas encore autonomes devenaient esclaves.
C) L'affranchissement
La
plupart des esclaves ne connaissaient jamais la liberté. Cependant, certains
maîtres pouvaient décider de la leur accorder : c’est l’affranchissement.
En latin, l’affranchissement se dit « manumissio, onis, f »
et l’affranchi, « libertus ».
Voici les différents modes d’affranchissement :
1) Par testament
L’esclave
pouvait être affranchi par testament : le maître manifestait par écrit sa
volonté de libérer un ou plusieurs esclaves. Ce mode d’affranchissement était
le plus fréquent. S’il voulait léguer un bien ou une somme d’argent à un
esclave, ce dernier devait être affranchi pour pouvoir hériter.
Sous l’Empire, les esclaves affranchis par ce procédé
étaient tellement nombreux que l’empereur Auguste a dû établir une loi limitant
à 100 le nombre d’affranchis par testament afin d’éviter une arrivée trop importante
d’étrangers parmi les citoyens.
2) Par achat
Un
esclave pouvait obtenir la liberté en l'achetant. Cela impliquait que le
maître lui accorde l’autorisation de faire des économies et lui donne de temps
en temps une somme d’argent, ce qui était très rare. La somme d’argent réunie
pour acheter sa liberté, le « peculium »,
était relativement importante.
3) Par le retour à la terre natale (fuite)
Lorsqu’un
prisonnier de guerre parvenait à regagner sa terre natale, il devenait libre.
4) Par décision judiciaire
Les
esclaves appartenant à l’Etat pouvaient être affranchis par un magistrat sur
ordre du Sénat.
5) Lors d’une opération de cens
Lors
des opérations de cens (recensement), l’esclave pouvait être inscrit à la
demande de son maître comme « sui juris »,
c’est-à-dire comme une personne autonome.
6) Par la « vindicta »
La
« vindicta » était une sorte de procès
fictif devant le prêteur au cours duquel l’esclave revendiquait sa liberté.
Le
maître frappait symboliquement l’esclave avec une baguette, signe de son
autorité, avant de lui serrer la main droite, en reconnaissance d’égalité, et
de le laisser partir libre.
La « vindicta » |
D) Les droits et les devoirs des affranchis
Les
affranchis portaient un chapeau conique en feutre, le « pileus », pour afficher leur nouvelle liberté.
L’affranchissement
ne transformait pas un esclave en un citoyen romain. Bien qu’il soit libre,
l’affranchi devait toujours respect à son ancien maître. Si l’affranchi
décidait de travailler pour son ancien maître, ils entretiendraient une
relation patron-salarié. En revanche, si ce n’était pas le cas, il devait lui
verser une partie de son salaire. Ils exerçaient des métiers comme comédien, banquier,
usurier… L’affranchi devait aussi rester disponible pour son ancien maître en
cas de nécessité.
Les
affranchis n’avaient pas les mêmes droits que les citoyens romains. On ne leur
accordait que le droit de vote et ils étaient privés de toute entrée dans
l’armée romaine ou tout droit d’être élu.
Pour plus d'informations sur le statut des affranchis, cliquer ici.
II/ Les différents types d'esclaves et leur vie quotidienne
Il existait plusieurs catégories d'esclaves :
A) Les esclaves particuliers
Les esclaves
particuliers étaient au service d’un maître et de sa famille. Le nombre
d’esclaves reflétait la richesse de son propriétaire. L’ensemble des esclaves
que possédait un maître était appelée la « familia ».
Il en existait deux sortes :
1) En ville : « la familia urbana »
La « familia urbana » demeurait en
ville. Les esclaves travaillaient péniblement mais leurs tâches étaient moins
difficiles que celles des campagnes. On en dénombrait plusieurs
catégories : la nourrice (« nutrix »)
élevait les enfants, la servante (« ancilla ») et le
valet (« ministrus ») assuraient le service
de proximité et aidaient leur maître ou leur maîtresse à revêtir la toge ou
faire leur toilette, les domestiques, comme les cuisiniers (« coqui »), les jardiniers et les concierges
travaillaient dans la maison…
Certains esclaves ayant des compétences ou une
éducation poussée pouvaient exercer des fonctions intellectuelles comme
précepteur (« paedagogus, praeceptor, litteratus »),
secrétaire particulier (« scriba, amanuensis ») ou encore médecin particulier (« medicus »).
Aucun
esclave n’échappait au pouvoir du maître mais ceux qui lui rendaient le plus de
services étaient généralement les moins exposés. Des liens d’affections
pouvaient toutefois se tisser entre les esclaves et leurs maîtres.
Sous
la Royauté puis la République, les esclaves pouvaient parfois manger à la table
des maîtres, procédé qui disparut sous l’Empire. Toutefois, lors de certaines
fêtes religieuses, les esclaves étaient autorisés à partager la table du maître.
2) Dans les campagnes : la « familia rustica »
L’agriculture
nécessitait une main d’œuvre importante. Cependant, il existait de petits
propriétaires possédant peu d’esclaves mais suffisamment pour cultiver leurs
terres.
L’esclave
et son maître travaillaient côte à côte. Le travail variait selon les
saisons : ramassage des olives, mise en culture des champs, surveillance
des troupeaux… Les esclaves vivaient dans des conditions médiocres : ils
travaillaient très dur en échange d’une nourriture pauvre, d’un vêtement réduit
au minimum indispensable et d’un logement comparable à une cellule où on les
enchaînait parfois avec leurs compagnons pour y passer la nuit.
Petit
à petit, les petites propriétés disparaissaient face aux grandes exploitations.
La vie y était encore plus difficile : les esclaves avaient à peine de
quoi se nourrir et se vêtir. Cette misère va devenir l’une des causes des
révoltes d’esclaves.
B) Les esclaves publics (« servi publici »)
Les
esclaves publics travaillaient pour l’Etat et assuraient des tâches d’intérêt
général. La plupart avait un poste modeste. Ce sont des ouvriers qui
assuraient les travaux des voiries (entretien, réfection, nettoyage),
surveillaient les égouts, entretenaient les bâtiments publics, ou encore intervenaient pour éteindre les
incendies (« vigiles urbani » : pompiers romains). Ils travaillaient également dans
l’administration en tant que secrétaires ou comptables. L’Etat les entretenait,
les nourrissait et les habillait.
D’autres, plus instruits, occupaient des postes à
responsabilité dans l’administration et ainsi accédaient à de hautes fonctions.
Ils pouvaient travailler pour le clergé (« servi deorum »)
ou conseiller des magistrats.
Les
esclaves impériaux étaient la propriété privée de l’empereur. Il les utilisait
pour sa maison, sa trésorerie, son secrétariat mais il les introduisait
également dans l’administration. Certains affranchis étaient placés par
l’empereur à des postes importants (les archives et les comptes, contrôlaient
en partie des impôts, veillaient sur les biens impériaux). L’empereur était le
plus grand propriétaire d’esclaves.
D) Les esclaves dans les mines
Ces esclaves étaient les plus maltraités. Au bas
de l'échelle sociale, les esclaves affectés aux mines était de véritables
forçats. Ce travail était en général prévu pour des esclaves récalcitrants,
récidivistes ou inadaptables, qui pouvaient être aussi loués par leur maître en
punition.
E) Les gladiateurs (« gladiatores »)
Dans la Rome antique, le gladiateur était un homme
qui, dans les jeux du cirque, combattait contre un autre homme ou une bête
féroce.
Certains
esclaves étaient enrôlés de force dans les troupes de gladiateurs. Ils étaient
achetés par des « lanistae », c’est-à-dire des formateurs et
entraîneurs de gladiateurs, auxquels ils devaient respect et obéissance comme
un maître. Ils étaient soit les victimes désignées d’un combat car ils ne
savaient pas se battre ; soit, au contraire, ils étaient choisis à cause
de leur passé militaire, ce qui signifiait qu’ils savaient se battre. Dans tous
les cas, le métier était difficile et laissait une espérance de vie assez
faible.
Pour plus d'informations sur les gladiateurs, cliquer ici.
F) Les sanctions
Tous
les esclaves travaillaient très dur, et à la moindre erreur, de terribles
punitions les guettaient.
1) La violence physique
Pour se faire respecter, les maîtres romains se
montraient très violents envers leurs esclaves. Si ces derniers travaillaient
trop lentement au goût de leur maître, par exemple, il pouvait les punir
sévèrement en les frappant comme des animaux.
Si un esclave avait le malheur de chercher à s’enfuir,
la punition était tout aussi violente. Cependant, leur condamnation à mort
était rare car le maître perdrait alors un esclave.
2) Le travail dans les mines ou la « familia rustica »
Le
maître d’une « familia urbana »
pouvait également menacer les esclaves avant de les envoyer travailler dans sa
« familia rustica » s’il en possédait une,
ou dans les mines, afin de leur mener la vie plus dure.
Lorsqu’un
esclave dérobait quelque chose, on le marquait d’un « F » au fer
rouge signifiant « furs »,
c’est-à-dire « voleur » en latin, pour montrer à tous qu’il était un
voleur.
4) Le châtiment et la condamnation à mort
Lorsqu’un esclave commettait un délit, les tribunaux pouvaient
intervenir pour le punir. Ils pouvaient alors le châtier, le faire fouetter, ou
même le condamner à mort en l’enflammant sur une croix, selon la gravité de
l’acte.
Lorsqu’un
esclave tuait son maître, la punition était générale : toute la « familia », c’est-à-dire tous les esclaves de la maison,
était condamnée à mort.
.
.
III/ Présentation de quelques esclaves célèbres
.
Certains
esclaves, affranchis ou leurs descendants, sont demeurés célèbres dans
l’histoire de l’Antiquité.
A) Spartacus
Né en Thrace, une ancienne
région de la péninsule des Balkans,
Spartacus, était d’abord un berger avant de devenir par la suite un chef
dirigeant la dernière grande révolte d’esclaves de 73 à 71 av. J.-C. Après la conquête de son
pays par les romains, il doit s’enrôler dans l’armée romaine parmi les troupes
thraces. Avide de liberté, il ne supportait pas de servir les conquérants,
quitta l’armée sans autorisation et s’enfuit dans les montagnes. Rapidement
repris, il fut vendu comme esclave à un propriétaire d’une école de gladiateurs
à Capoue, dans le
sud de l’Italie. Dans cet établissement, les « lanistae »
le formèrent au combat dans les arènes. Spartacus se distingua nettement de ses
compagnons par son courage et son intelligence. Un jour, profitant de la distraction des gardes, il
s’échappa de la caserne des gladiateurs avec ses compagnons et créa une armée.
Des esclaves et de nombreux pauvres s’étaient vite joints à lui. C’est alors
que débuta la révolte. Spartacus et ses hommes parcoururent l’Italie pendant trois ans au
cours desquels ils éliminèrent plusieurs armées romaines. Mais, tombé dans une
embuscade, Spartacus fut vaincu et tué par Crassus et près de 6 000 de ses hommes furent crucifiés.
Pour plus d'informations sur Spartacus, cliquer ici.
B) Pertinax
Les affranchis
ne pouvaient pas devenir magistrats, mais leurs enfants pouvaient parvenir aux
positions les plus élevées. Ainsi Pertinax, fils d’un affranchi, avait grimpé les échelons de
l’armée romaine et est finalement devenu consul, puis empereur en 193.
Pour plus d'informations sur Pertinax, cliquer ici.
C) Eunus
Au
IIe siècle av. J.-C., après la conquête de l’Orient par Rome, on rencontrait un
grand nombre d’esclaves grecs en Sicile. Vers 135 avant J.-C., ces captifs maltraités
se révoltèrent sous la direction d’un esclave syrien nommé Eunus qu’ils proclamèrent
roi. Il prit le nom d’Antiochos et créa une version miniature du royaume séleucide (qui englobait
sa Syrie natale),
qu’il dirigea à partir de la forteresse d’Enna, dans les montagnes du centre de la Sicile. Cependant, la
révolte fut écrasée en 132
av. J.-C. et Eunus mourut en prison.
Pour plus d'informations sur Eunus, cliquer ici.
Conclusion
.
Dans la Rome antique, il comptait un nombre très
important d’esclaves. Ces derniers provenaient de diverses origines et se
retrouvaient à tous les niveaux de la société. Considéré comme des outils
animés, la plupart d’entre eux travaillaient dur mais ne possédaient rien.
Leurs fonctions premières étaient de respecter et servir leur maître. Des
châtiments corporels leur étaient infligés par leur maître à la moindre faute
ou tout simplement selon l’humeur de ce dernier. Même une fois affranchi,
l’esclave n’aura jamais les mêmes droits
qu’un citoyen romain ordinaire. Il sera libre certes mais sera toujours
étroitement lié à son maître jusqu’à la fin de sa vie. Seuls ses descendants
connaîtront une liberté totale et échapperont ainsi entièrement à leur condition.
Mais cette servitude n’est que le début de la longue histoire de l’esclavage…
Pour plus d'informations sur les esclaves dans le monde romain, cliquer ici.
Merci j'ai pu faire du copié coller pour mon exposé de latin
RépondreSupprimerMerci beaucoup
RépondreSupprimerCa m'a beaucoup aidé !
Attention à la publication en ligne ou autre d'images dont vous n'avez pas les droits ni même indiqué de copyright, c'est illégal !
RépondreSupprimerBonjour ! je cherche la source de l'image que vous avez utilisé en I)B)1) est-ce que vous l'auriez svp ?
RépondreSupprimermerci
RépondreSupprimer